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Paul Dardé
« Je sculpterai non pas pour ce monde puant et civilisé, mais pour les solitudes Où ? Vous le savez : je travaillerai, à l'avenir, pour le Larzac. »
1931, lettre à Jean Girou
Originaire du village d'Olmet dans le Lodévois, Paul Dardé retourne s'installer sur le Causse dès 1935, à Saint-Maurice où il passera le reste de sa vie. Sa mère était originaire du petit village de Navacelles et il se plaisait, dit-on, à admirer les gorges de la Vis et les couchers de soleil sur le causse. Artiste farouchement indépendant (il délaissera l'école de Rodin) et fuyant les mondanités parisiennes, c'est ici que son uvre prend toute sa dimension; à l'image du Christ aux outrages qu'il avait souhaité érigé sur le Causse, non loin de son atelier.
Sur le Grand Site de Navacelles, vous pouvez voir L'ébauche du berger (Mégalithisme) et le monument aux morts de Saint-Maurice. Le Christ aux outrages se trouve actuellement au musé Fleury de Lodève, avec la majorité de ses uvres. Un projet est en cours pour réinstaller une copie de cette uvre à l'endroit où l'artiste voulait qu'elle soit, sur le causse, à Saint-Maurice.
Les monuments aux morts
L'anti-militarisme de Dardé s'exprime
dans les nombreux monuments aux morts qu'il a réalisé dans la
région. Celui de Saint-Maurice, taillé dans une pierre du Larzac,
est simple et austère. L'auteur l'a conçu dans l'esprit du Larzac
préhistorique, sa forme évoquant un menhir. On remarque que
la section de la pierre de soutènement épouse la forme de celle
qui est ouvragée. C'est qu'au moment de sa mise en place, que la pierre
s'est brisée en trois morceaux. L'artiste a conservé le plus
grand pour le travail de sculpture et utilisé les autres pour le socle.
Le monument aux morts de Lodève est sans doute
le plus spectaculaire. Dardé y représente conjointement le deuil
des pauvres et des riches, dans les visages des quatre veuves et des deux
orphelins. L'artiste s'est représenté dans l'un d'eux.
À Soubès, Clermont-l'Hérault, Le Bousquet d'Orb, Lunel
et Limoux se trouvent les autres monuments aux morts réalisés
par l'artiste entre 1919 et 1930.
Son uvre, à la fois sylvestre et apollinienne, s'inspire de ses lectures et en particulier des figures classiques. On y retrouve une religiosité exacerbée côtoyant les personnages de Shakespeare et un «naturalisme» surréaliste. Son regard sur l'homme, parfois torturé mais pétri de compassion laisse transparaître la clairvoyance d'une sensibilité nietzschéenne. Bien qu'il ait peu puisé dans la culture grecque, Dardé participe incontestablement d'un esprit tragique au XXe siècle.
Le monument aux morts de Lodève (détail).